Entretien professionnel pour les stagiaires

Une fois de plus, le ministère n'a pas choisi la confiance et l'efficacité, ce sont les professeurs stagiaires de cette année qui en font les frais.

Les faits

Les concours de recrutement des enseignants du 1er et du second degré de la session 2019/2020 ont été perturbés par la crise sanitaire du coronavirus. Beaucoup d’oraux n’ont pas pu se tenir, et les candidats retenus l’ont été sur la base de l’écrit.

Le ministère a alors décidé de rajouter au processus habituel de titularisation des enseignants stagiaires un « entretien professionnel » (Arrêté du 28 Août 2020)

L’entretien dure trente minutes. Le candidat présente une situation professionnelle personnelle vécue pendant dix minutes. L’entretien est ensuite consacré à un échange avec la commission.

L’inquiétude légitime

Beaucoup d’enseignants stagiaires vivent mal la perspective de cet entretien qui se rapproche (de mi-mars à mi-mai suivant les académies, les départements…) Rappelons que la formation des enseignants stagiaires dans sa configuration habituelle est déjà vécue comme stressante et harassante, et que la situation sanitaire ne facilite évidemment pas la mise en place de la professionnalité.

De plus, les formateurs de l’INSPE et de l’université n’ont pas d’informations supplémentaires que celles publiées dans l’arrêté. Cet entretien est voulu par l’état-employeur, pas par l’université. D’ailleurs cette dernière n’a pas pu engager de moyens pour préparer à cet entretien.

L’entretien professionnel peut-il remettre en cause l’investissement des enseignants stagiaires et mener à un renouvellement ou à un licenciement?

Nouveau : l’entretien peut avoir lieu en visioconférence

Nous venons d’apprendre que pour tenir compte de la situation sanitaire, l’entretien professionnel pourrait avoir lieu en visioconférence, avec convocation dans un local administratif…

Les services administratifs déjà débordés vont être ravis d’organiser cela pour 20 000 enseignants stagiaires!

La position des organisations syndicales

On peut tout d’abord saluer la belle unanimité syndicale : toutes les organisations syndicales ont publié un communiqué commun le 25 Février en comité technique ministériel dans lequel on peut lire :

Ce sont des lauréats à part entière. Ils n’ont pas besoin d’être fragilisés alors que leurs conditions d’entrée dans le métier sont extrêmement difficiles. Tout au contraire, ils ont besoin du soutien de l’institution. Cet entretien professionnel ne va pas dans ce sens, et les avis nécessaires à la titularisation couvrent déjà l’ensemble des champs.
Force est de constater que cet oral risque d’être une barrière supplémentaire au recrutement. L’urgence est à la création de postes.
Nous demandons au ministre le retrait de cet oral de titularisation.

La position du Sgen-Cfdt

Nous militons pour l’abandon de cet entretien. Le jury classique de titularisation suffit.

Il aurait été préférable que dans l’idée d’un continuum de formation, un entretien du type « rendez-vous de carrière » ait lieu après la titularisation, dans l’objectif de proposer une poursuite de formation adaptée au besoin des enseignants, un peu comme ce qui est enclenché avec les rendez-vous de carrière institués par les accords « PPCR ».

Nos conseils

Restons réalistes. L’état ne peut pas organiser une pénurie aggravée d’enseignants titulaires à l’occasion de ces entretiens professionnels. Les enseignants stagiaires doivent préparer cet entretien sérieusement mais sans stress.

Les premiers indices que nous avons pu récolter auprès de membres de jury sont : l’attention portée à la prestation orale, montrer un peu de recul et d’analyse, et la bienveillance …

N’hésitez pas à nous contacter pour toute information supplémentaire.

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