Suite au rapport de la cour des comptes quand au budget de l'Etat, le gouvernement a décidé de rétablir le jour de carence pour les fonctionnaires pour s'aligner sur le privé. Il faudrait alors tout aligner ....
Le ministre de l’Action et des comptes Publics a annoncé le projet de rétablir un jour de carence pour les agents de l’Etat en cas d’arrêt de travail. Cette décision fait suite à un rapport de la cour des comptes qui dénonce un possible dépassement des dépenses publiques.
Cette proposition, qui ne serait effective qu’à partir du projet de budget 2018, est comprise dans toute une série de propositions de la Cour des Comptes (ci-joint).
Le Sgen-CFDT de l’académie de Créteil ne peut que dénoncer cette volonté de faire des économies sur le dos des agents de la fonction publique. La démagogie utilisée ici ne repose que sur des poncifs « Les fonctionnaires sont toujours absents … ».
Prenons la situation à l’envers, et si le ministre veut faire converger nos conditions de travail vers le privé, rappelons-lui quelques petites choses :
Les fonctionnaires ne sont pas plus absents que les autres (voire moins !) :
➤ Source : DGAFP 2013
« Les agents de la fonction publique, en particulier les agents de l’État, s’arrêtent moins longtemps que les salariés du secteur privé »
➤ Source DARES 2013
« L’absentéisme des profs en 2011 a été de 3.2%, à comparer avec les 3,7% de l’ensemble des salariés en France. »
De plus, la forte féminisation du métier amène mathématiquement un plus fort absentéisme (maternité, etc …).
Les fonctionnaires ne sont pas plus absents que le reste de la population
Donc non monsieur le ministre, il n’est nul besoin de jeter l’opprobre sur les agents de la fonction publique. Ceux-ci ne sont pas plus absents que les autres français. Le piège médiatique voulant faire croire que les maux financiers de notre société sont issus des fonctionnaires est infondé.
Oui, dès qu’un enseignant est absent, cela se voit … Les parents râlent sur l’absentéisme des enseignants de leurs enfants, mais voient-ils l’absentéisme dans leurs entreprises ? Les diminutions de possibilité de remplacement, que se soit dans le 1er degré ou le 2nd degré, renforcent ce sentiment sociétal d’absentéisme des collègues. Pour autant ce sont les décisions politiques, budgétaires qui engendrent une crise du recrutement des enseignants, et donc des équipes de remplaçants.
Qu’en est-il de la médecine de prévention ?
S’aligner sur les conditions du privé, c’est aussi parler de médecine préventive. Là où dans le privé la médecine du travail est obligatoire, et permet de prévenir les risques, dans le public, les personnels de l’éducation nationale ne bénéficient d’aucune surveillance. Ils sont laissés toute leur carrière au contact des élèves, parfois eux-mêmes porteurs de maladie. Alors chiche! Parlons de santé au travail et mettez sur pied un véritable réseau interne de prévention. Les parents ne sont même pas au courant que la santé des enseignants n’est jamais contrôlée régulièrement.
Mettre en place une médecine du travail dans l’éducation nationale.
Qu’en est-il des mutuelles ?
Depuis le 1er janvier 2016, l’Etat oblige les entreprises du secteur privé à participer financièrement à la contractualisation d’une mutuelle santé. Mais alors si l’on veut s’aligner sur le privé, à quand une grande mutuelle pour les fonctionnaires, où l’Etat devra mettre la main à la poche ?
L’Etat doit participer financièrement aux mutuelles des fonctionnaires
Alors oui monsieur le ministre, nous sommes ouverts à toute discussion sur la santé au travail des fonctionnaires, des enseignants. Mais pour cela il va falloir instaurer une phase dialogue dans toute cette précipitation gouvernementale, et ne pas parler que de répression, mais aussi de prévention. Quand l’opinion publique se rendra compte comment les fonctionnaires sont traités en terme de santé, nous pourrons peut-être commencer à parler de santé au travail.
Parler de prévention avant de parler de répression.
Lire aussi :
Gel du point d’indice : une mesure injuste et inefficace
Pour aller plus loin :
Le rapport de la Cour des Comptes