8 mars : quelles nouvelles de l’égalité ?

Ça y est, nous y voilà, c’est (encore) le 8 mars, et donc le moment de faire le bilan d’une année de timides avancées pour les droits des femmes dans nos ministères (Education Nationale, Enseignement Supérieur et Recherche, Jeunesse et Sport).

Timides, parce qu’on est loin d’un satisfecit général sur les politiques menées. Mais on n’oubliera pas les quelques avancées constatées tout de même.

Ainsi, on a un nouveau PNA (Plan National d’Action) pour l’égalité. Jusque là, le plan précédent (2021-2023) inventoriait 5 domaines dans lesquels les ministères concernés envisageaient des actions contre les inégalités persistantes qui existent pour les femmes. Il s’agissait de :

  • Renforcer la gouvernance des politiques d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes
  • Créer les conditions d’un égal accès aux métiers et aux responsabilités professionnelles
  • Évaluer, prévenir et, le cas échéant, traiter les écarts de rémunérations et de déroulement de carrière entre les femmes et les hommes
  • Mieux accompagner les situations de grossesse, la parentalité et l’articulation des temps de vie professionnelle et personnelle
  • Prévenir et traiter les discriminations, les actes de violences (dont les violences sexistes et sexuelles), de harcèlement moral ou sexuel ainsi que les agissements sexistes

Si l’on en croit l’index « Égalité professionnelle », nos ministères s’en sortent bien. On rappellera cependant que cet index ne traite absolument pas la question des branches professionnelles massivement investies par les femmes, où les salaires restent bas. Les pensions des femmes restent ainsi 40% plus basses que celles des hommes en moyenne, comme nous l’écrivions déjà ici.

Des ministères désormais labellisés

Les ministères ont été labellisés par l’AFNOR sur un certain nombre de procédures, don’t act.

Est-ce que la vie des agents, et notamment des agentes au quotidien, en a été bouleversée ? Loin s’en faut. Il ne s’agit pas de nier les efforts qui sont faits : de nombreuses pratiques ont changé, notamment pour les promotions ou les recrutements par exemple. Un guide sur ce sujet a ainsi été publié, mais le ministère de l’Éducation Nationale reste un parent (très) pauvre de la lutte contre les stéréotypes. On peut pour s’en convaincre lire le rapport sur l’égalité professionnelle dans la Fonction Publique. Comment se satisfaire de la situation, et espérer que les mesures décrites dans le plan soient réellement toutes mises en œuvre de manière satisfaisante et dans un délai raisonnable ?

Du côté des rectorats, les personnels sont censés rédiger également un plan d’action académique qui ne peut pas être moins disant.

Un nouveau plan d’action pour 2025-2027

Quoi de neuf alors du côté des plans d’action ?

Le Ministère propose d’inclure deux nouvelles thématiques : la santé des femmes, et la culture de l’égalité. On ne peut que s’en réjouir au regard des derniers chiffres sur la santé des femmes au travail dans nos champs professionnels (nous décrivions une situation inquiétante ici).

La construction du modèle médical sur les corps des hommes crée de fait une difficulté pour prendre en charge correctement la santé des femmes au travail.

Adapter les postes, les horaires à la réalité de la charge mentale, prendre en compte les pathologies spécifiques comme l’endométriose, former les personnels à une meilleure détection des pathologies cardiaques par exemple, voilà des revendications que l’on veut voir aboutir sur le terrain. C’est à nous, syndicalistes, de faire en sorte que les rectorats et les établissements mettent en place réellement ce plan sur nos lieux de travail de manière visible et tangible.

Éducation à la sexualité : le programme enfin publié

Du côté des élèves, on a vu la publication (enfin !) du programme d’EVAR (Éducation à la Vie Affective, et Relationnelle) dans le 1er degré, et d’EVARS (Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle) dans le 2nd degré. Après 3 ans de consultations, et de polémiques parfois, le CSE a voté un avis favorable à la mise en place de ce texte, publié dans la foulée au Journal Officiel. Bien qu’imparfait et incomplet sur plusieurs aspects, ce programme est une avancée.

Ce n’est pas anodin pour les personnels : la DGESCO a garanti qu’un plan de formation crédible serait mis en place pour permettre une réelle appropriation des textes par les personnels.

L’éducation à la sexualité, au-delà d’un cursus important pour les élèves, peut être un outil de prise de conscience des inégalités qui persistent par les personnels qui la prennent en charge.

Plus clairement, elle sauve des vies, comme on l’écrivait ici. La publication d’un programme sans moyens humains dédiés, ni horaires clairement fléchés, ne peut pas être complètement satisfaisante.

L’enquête « Contexte de la Sexualité en France », sortie en novembre 2024, montre des évolutions dans la perception de la sexualité des Français·es. Elle nous rappelle que les inégalités prennent racine dans ce qu’il y a de plus intime, pour s’épanouir dans le monde du travail.

À nous de faire changer cela !