Faire le bulletin de la prof

« Je me suis amusée à proposer à mes élèves de faire mon bulletin. Bien m’en a pris : d’une part c’était une manière assez amusante de finir l’année, et par ailleurs de réelles remarques constructives ont pu être formulées.” Par Aude Paul

« On met quoi , madame ? »

Nous avons commencé par déterminer quels étaient les items pertinents pour le bulletin. Selon les années, plusieurs domaines ont été choisis :
➤ méthodologie
➤ discipline
➤ comportement
➤ rédiger
➤ dates de rendu des copies

bulletin de la profSi certains paraissent très clairs (rendre les copies à une date décente…), d’autres paraissaient un peu plus obscurs comme « comportement ». C’est pourtant celui qui arrive en premier, confirmant l’idée que la transmission de connaissances se fait mieux lorsque les gens en présence parviennent à se respecter et à se parler.

Ces items peuvent varier selon les groupes : certain·e·s sont très sensibles aux objectifs énoncés, d’autres à la capacité à maintenir une ambiance de travail (la fameuse « discipline »), d’autres enfin à la variété des documents et à l’accès aux documents depuis leur domicile (utilisation de padlets).

Les élèves ont aussi choisi de m’évaluer (heureusement!) sur ce que je leur ai enseigné, à la fois sur le fond et sur la forme. Ainsi, le français semble être pour elles et pour eux une matière où on apprend de la méthodologie (« rédiger un paragraphe », « réaliser une lecture analytique »), mais aussi des notions que ce soit en langue (vocabulaire) ou en littérature (auteurs et autrices, mouvements littéraires, registres, etc.).

Les élèves ont aussi choisi de m’évaluer (heureusement!) sur ce que je leur ai enseigné

Le choix des oeuvres et des extraits étudiés a également été mis en avant, les élèves étant tout de même conscient·e·s du fait que le programme encadre ce choix. Tartuffe a par exemple remporté peu de suffrages tandis que Thérèse Raquin ou Bel-Ami finissent par séduire.

Terrible évaluation

Au final, on est bien loin de mouvements d’humeur d’élèves qui règlent leurs comptes avec l’institution.
Cette année, 22 élèves sur 30 m’ont rendu mon bulletin, ce qui pose bien entendu la question de celles et ceux qui n’étaient pas présent·e·s (fin d’année oblige…).

Cette année, 22 élèves sur 30 m’ont rendu mon bulletin

Parmi les présent·e·s, des élèves très en difficulté, et d’autres bien plus à l’aise.
C’est plutôt la notation chiffrée qui est retenue, aboutissant ainsi à une moyenne. Mes résultats naviguent entre 10,2/20 e1 ,5/20, l’ensemble des moyennes étant souvent à plus de 15/20.
Certaines évaluations en sont restées à « acquis » / « non acquis », d’autres ont attribué des points à chaque item pour parvenir à un total sur 20.

Ce que j’en ai retenu

J’aime bien mes élèves, mon métier, et souvent le travail se passe bien en cours.
J’espère ne pas réduire ce bulletin à un concours de popularité mal placé, et il y aura peut-être une année où je ne le proposerai pas à mes élèves car le climat de confiance ne sera pas suffisamment installé pour que l’exercice soit productif.

J’espère ne pas réduire ce bulletin à un concours de popularité mal placé

Je veux bien être évaluée, je ne veux pas me mettre en situation d’être mal à l’aise, et je pense qu’il ne faut se livrer à cet exercice qu’avec des classes où le climat est suffisamment serein (sans forcément être idyllique , loin de là !) pour que l’évaluation soit intelligente.

J e retiens des remarques faites que mes élèves sont capables d’identifier le travail fourni, et de le mettre à distance.

J’ai par exemple largement développé les ressources numériques à leur disposition.

Le fait d’avoir accès à des oeuvres patrimoniales sous forme de livres, de pdf, de fichier MP3 ou en adaptation filmée multiplie les chances d’emmener plus d’élèves dans la lecture.

J’essaie aussi de multiplier les occasions de faire de la différenciation pédagogique, les élèves semblant vraiment apprécier ces tentatives de mettre le savoir à leur portée.

En bref, j’y trouve mon compte : je n’apprécierais pas du tout qu’on me l’impose et que ces évaluations
soient « remontées » ou « digérées » par je ne sais quel algorithme qui aurait pour tâche de mesurer ma qualité d’enseignante.
Mais en l’état, évaluez-moi !

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● Cet article est extrait du n°48 (« Réussites ») de notre revue « quoi de neuf »
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