Les femmes et le sport selon Yannick Souvré

Yannick Souvré fut basketteuse (elle a été championne d’Europe avec l’équipe de France et triple championne d’Europe avec le club de Bourges). Depuis septembre 2016, elle est directrice de la Ligue nationale de volley.

Comme athlète de haut niveau ou dirigeante, elle plaide pour une meilleure reconnaissance des femmes dans le monde du sport. Voici quelques extraits de l’interview qu’elle a accordée à la CFDT.

Une âme militante

J’ai eu la chance d’avoir des parents qui se sont toujours préoccupés de mon évolution personnelle. Beaucoup de basketteuses ne l’ont pas eue. J’ai voulu les alerter en disant : « attention, prenez-vous en main ». Normalement c’est le boulot des agents. Mais la plupart s’en lavaient les mains. Les filles, par exemple, ne cotisaient pas pour une mutuelle.

(…) J’ai retrouvé cette demande au poste de directrice de la Ligue de volley que j’occupe depuis septembre. Un ancien joueur de l’équipe de France m’a dit vouloir créer le syndicat des joueurs de volley. Il a été surpris que je l’y encourage.

Peu de place réservé au sport féminin professionnel

Ce sentiment est né quand j’ai joué à Paris en 1990. Très vite, je me suis rendu compte du manque de couverture médiatique et, il faut le dire, d’un certain manque de respect. Il fallait toujours être autre chose qu’une sportive qui fait une performance.

(…) Quand, avec Bourges, nous gagnons le deuxième titre européen, aucune équipe, ni masculine ni féminine, ne l’avait fait en France auparavant dans aucun sport. (…) On a eu une grosse couverture médiatique sur le moment. Mais le soufflé est vite retombé. Et c’est ce qui s’est passé à chaque fois.

Des avancées possibles

femmes, sport, Yannick SouvréJe constate que là où on attendait un déclic, on a eu une évolution. (…) Grâce à des actions très concrètes en faveur du sport féminin, grâce aussi à ce qu’a fait Marie-George Buffet pour les femmes quand elle était ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Jospin ou, plus récemment, Thierry Braillard en tant que secrétaire d’État chargé des Sports.

(…) Néanmoins, c’est vrai que c’est difficile de convaincre les entreprises des atouts du sport féminin pour valoriser leur activité sans ne tabler que sur le côté esthétique. Il y a tout un travail à faire pour développer les partenariats.

(…) Mais des avancées ont été possibles parce qu’elles ont été imposées politiquement. Les plans de féminisation ont été imposés aux fédérations parce que, naturellement, elles ne le font pas. Certains présidents y sont sensibles, d’autres non.

Les avantages de la mixité

La mixité, il n’y a rien de plus intéressant et de plus stimulant. Nous avons, les hommes et les femmes, des façons d’être et de vivre les choses qui sont différentes. Je trouve que l’élection de Nathalie Boy de La Tour à la présidence de la Ligue de football professionnel envoie un beau message.

Vous pensez vraiment que tous les hommes qui ont des responsabilités ont été jugés sur leurs compétences ?

(…) Et ce n’est pas une question de compétences. On se la pose toujours quand les femmes sont concernées, jamais quand il s’agit d’un homme.

Le sport au féminin

La jeune fille qui atteint la fin de l’adolescente arrête le sport. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais on peut espérer que cela change avec une société qui s’appuie de plus en plus sur le sport-santé, sur la nutrition… Ça va amener les filles à continuer la pratique sportive.

(…) Et puis il y a encore quelques stéréotypes alors qu’il n’y a quasiment aucun sport contre-indiqué. Certains préfèrent voir les femmes à la cuisine. J’ai entendu ça. Au début de ma carrière, des hommes me l’ont dit.  Aujourd’hui, c’est moins vrai.

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