Voici la déclaration liminaire du Sgen-CFDT lue lors de la réunion de la formation spécialisée du 12 mai 2024. Il est urgent que le ministère regarde le travail réel des personnels.
Manque de reconnaissance du travail des agents
Depuis le 19 janvier dernier, les personnels de l’éducation nationale ont massivement soutenu et participé au mouvement social contre la réforme des retraites et l’allongement de la durée de travail portée par le gouvernement.
Malgré cette mobilisation historique et comme l’a indiqué l’intersyndicale interprofessionnelle, l’exécutif a enchaîné les passages en force : refus de recevoir les syndicats, utilisation du 49-3, promulgation immédiate malgré la censure partielle du conseil constitutionnel… La décision du Président de la République de maintenir sa réforme malgré l’opposition quasi unanime de la population crée une défiance profonde et ajoute une crise démocratique à la crise sociale.
Dans l’Éducation Nationale, quelle trahison pour les agents, administratifs, ouvriers, enseignants, AESH, AED… et quelle hypocrisie de l’état employeur qui après avoir salué l’investissement de ses agents, en 1ère ligne durant les deux années de crise sanitaire, les récompense en leur imposant deux années de travail supplémentaires ou en leur proposant des missions supplémentaires sans reconnaître leur travail réel.
Une médecine du travail exsangue et des personnels fatigués
De surcroît, quelle honte pour notre employeur, incapable d’assumer ses obligations légales en matière de surveillance et de suivi médical au travail de ses agents, y compris les plus fragiles d’entre eux et elles.
Comment l’employeur peut-il demander aux agents de travailler deux ans de plus alors qu’il est incapable de juger de leur état de santé et de leur aptitude au travail ?
Tous les indicateurs et enquêtes récentes sur la santé au travail des agents de l’éducation nationale montrent une fatigue et une usure professionnelle en fin de carrière..
Mais aucun aménagement ni accompagnement ne sont prévus… et les dispositifs existants comme le temps partiel thérapeutique sont peu connus des agents et mal appliqués en raison de la quasi-absence de la médecine du travail dans les académies.
De plus, concernant les comités médicaux, les calendriers doivent être davantage concertés pour permettre aux agents de bénéficier de leurs droits quand ils sont en situation de maladie. Les délais de traitements sont inadaptés aux réalités médicales des agents qui souvent se retrouvent dans une situation financière précaire ou très précaire. De plus, la subrogation pour des personnels contractuels n’est pas utilisée. C’est inacceptable.
La CFDT et le Sgen CFDT n’accepteront jamais cet allongement de la durée du travail qui va profondément dégrader la santé et les conditions de travail de milliers d’agents et aggraver encore une situation déjà catastrophique dans notre ministère…
Mais il est vrai que nous ne parlons ici que de la santé au travail d’un million 200 000 agents… une paille !
Des transformations qui engendrent des risques psychosociaux : quelles mesures pour la santé des personnels ?
Dans ce contexte, les annonces de fermetures ou de transferts des formations de LP et l’annonce brutale et anxiogène pour l’ensemble des agents de la voie professionnelle d’une refonte de la carte des formations contribuent à dégrader gravement leurs conditions d’exercice.
Les réorganisations du travail imposées par les réformes et menées au pas de charge, que ce soit en collège, en LGT ou au LP, les fermetures d’établissements annoncées brutalement ici et là aux agents sans aucune anticipation, les conditions de travail dégradées par la mise en place du logiciel Op@le engendrent un mal-être au travail et donc un mal-être dans la vie des agents.
Ces situations impactant la santé des personnels exigent que l’employeur mette en œuvre des dispositifs d’accompagnement des transformations du travail et d’accompagnement RH adaptés et anticipés au-delà des déclarations d’intention ! Il est plus que temps de regarder ce qui est vraiment accompli par les agents et de prendre des mesures concrètes en conséquence.
Mais il est vrai que nous ne parlons ici que de la santé au travail de quelques milliers d’agents… encore une paille !