Le 17 mai a lieu la journée de lutte contre les LGBTIphobies. Cette année, cette journée s’inscrit dans un contexte fait de rumeurs et de contre-vérités en particulier autour de l’EVAR / EVARS (Education à la vie affective, relationnelle, et à la sexualité dans le 2nd degré).
Alors comme ça l’école véhiculerait de la « propagande LGBT », et ferait intervenir des « associations communautaristes » ? C’est le type de rumeurs véhiculées par des médias peu scrupuleux. Le vote en mars dernier au CSE du programme d’EVAR / EVARS permet pourtant de cadrer la responsabilité de l’école sur le sujet. Neuf heures de débats ont permis d’arriver à un texte acceptable, et aucun vote « contre » n’a été exprimé au CSE.
Cette mise en œuvre n’est toutefois pas un long fleuve tranquille, et des médias agitent depuis des rumeurs pour décrédibiliser les acteurs et actrices de la mise en place du programme : les personnels seraient des pantins, manipulés par un obscur « lobby LGBT ». Des groupes comme les « Parents Vigilants » accusent ce programme d’être « sous influence woke » et d’être « clairement idéologique » (selon un tract présent sur leur compte FaceBook).
Nous sommes des professionnel⋅les et nous agissons avec la rigueur nécessaire
C’est être « woke » selon certain·es que de rappeler des évidences : les LGBTIphobies n’ont pas leur place dans les établissements scolaires. Les personnels de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche, de Jeunesse et Sport, ne sont pas des idéologues avides d’imposer des connaissances en dehors de tout cadre. La lutte contre la remise en cause de leur professionnalisme fait partie des éléments à mettre en avant ce 17 mai : les personnels s’appuient sur des études universitaires, des articles de recherche, des formations spécialisées pour faire leur métier, tout simplement. Elles et ils n’ont pas à subir les attaques de groupuscules d’extrême-droite, puisqu’en définitive c’est bien de cela qu’il s’agit.
Sur le fond, on a lu et entendu des choses tout à fait fantaisistes sur la façon dont le programme d’Éducation à la Vie Affective et Relationnelle traite la question des thématiques LGBTI. On a pu lire par exemple que le programme « veut transformer les filles en garçons » dans certains médias. Dans la même veine « avec le programme Evars, la biologie n’est plus une science mais une opinion », ou « avec le programme Evars, la nature devient une construction et la norme une oppression ». Last but not least, « l’Evars ne s’inscrit pas en complément de l’éducation des familles, mais en concurrence avec elle ».
Se positionner loin des fantasmes d’extrême-droite pour protéger élèves et personnels
Les personnes trans concentrent la majeure partie des attaques. La 1ère marche de cette lutte c’est la simple reconnaissance que les personnes trans existent, parmi les élèves comme parmi les personnels, et que ces personnes ont le droit de travailler et de vivre sans être inquiétées ou discriminées de quelque manière que ce soit. Les personnes trans seraient entre 2 et 5 pour 1000 dans notre société (selon des études publiées au Canada en 2022) : peut-on vraiment sérieusement affirmer qu’une « mode » frapperait les élèves et les étudiant·es quand on sait à quel point ces personnes peuvent être mises en difficulté pour leur transidentité ? La réalité, c’est bien entendu que les personnes trans existent et ne sont pas « transformé·es » par un quelconque programme. C’est aussi qu’aucune association représentative des parents d’élèves n’a voté contre le programme d’EVARS en Conseil Supérieur de l’Education. Certaines se sont abstenues, il est vrai, notamment dans l’enseignement privé, mais personne n’a voté contre ce programme, tant il est devient complexe de justifier une telle position sans nommer, entre autres, les LGBTIphobies latentes qui l’animent.
On peut donc se réjouir du fait que les votes montrent clairement un soutien des élèves LGBTI (encore que ce soutien s’appuie sur un texte certes intéressant, mais soutenu par … aucun moyen horaire).
Quid des personnels? Le ministère avait en effet demandé la création d’observatoires des LGBTIphobies dans chaque académie en 2023. Deux ans plus tard, force est de constater que ces observatoires ont beaucoup de mal à exister réellement, sauf exception. Les situations sont très disparates : de l’observatoire actif, réuni trois par an, à la coquille vide, on a toutes les configurations. Il est en effet bien difficile de mettre en musique cette demande lorsqu’aucun moyen humain n’a été débloqué pour le faire.
Le 17 mai comme les autres jours, soyons donc attentifs et attentives au respect des droits des personnes LGBTI, et revendiquons les moyens pour le faire.