Sauve qui peut dans l’Education Nationale

Très inquiet par les conditions dans lesquelles se prépare la rentrée du 2 novembre, le Sgen-CFDT de l'académie de Créteil a écrit au Recteur et aux trois DASEN de l'académie.

Monsieur le Recteur, Mesdames et Monsieur les DASEN

Nous vous écrivons alors que depuis quelques jours les informations et décisions se succèdent d’heure en heure ou presque. Si nous comprenons le caractère assez inédit de la conjonction des circonstances, il n’en demeure pas moins que ces incertitudes et revirements brutaux nous placent toutes et tous dans la plus grande difficulté, entre le désarroi et la colère.

L’exécutif a tranché : ce second confinement verra les établissements fonctionner, dans le cadre d’un protocole sanitaire dit « renforcé ».
Pour le Sgen-CFDT de l’académie de Créteil, l’ouverture des établissements scolaires aux élèves est primordiale, afin de ne pas revivre les fractures et les décrochages constatés lors du premier confinement, dont les effets ne pourraient qu’être aggravés par un nouvel éloignement prolongé du milieu scolaire.

Mais si nous sommes favorables à une reprise de l’activité scolaire en présentiel, celle-ci ne peut avoir lieu que si les conditions en sont remplies, et tout en veillant en particulier aux personnes les plus vulnérables.

Or cette « rentrée de novembre » se présente dans des conditions catastrophiques. Les impératifs sanitaires sont percutés à la fois par le choc de l’assassinat et de l’hommage dû à notre collègue Samuel Paty, et par le passage du plan Vigipirate au niveau maximal après les effroyables évènements de Nice. Nos collègues, personnels d’encadrement inclus, sont plus qu’inquiet.es, et peinent à trouver à la fois les ressources et le soutien pour envisager cette reprise. Nous avons déjà demandé plus de temps pour préparer le retour dans les établissements sous tous ses aspects, et nous réitérons cette demande.

L’heure n’est plus à faire des préconisations sanitaires qui seront à respecter « dans la mesure du possible ».

Les masques seuls ne suffisent pas, et encore faut-il qu’ils soient fournis et conformes. L’école ne peut rester à l’écart des mesures de protection prises partout ailleurs dans la société. Il en va de la santé et de la sécurité de tous les personnels, obligation à laquelle se doit l’État employeur. Il en va de la santé et de la sécurité des publics que nous accueillons.

Il en va aussi plus largement de l’efficacité du confinement imposé : quel est le sens de ces efforts individuels et collectifs si les conditions d’accueil et de travail dans les établissements scolaires rendent possible la circulation active du virus ?

Le Sgen-CFDT de l’académie de Créteil porte l’exigence d’un intense travail de concertation à tous les niveaux dans la semaine qui vient, afin de définir et de mettre en œuvre des mesures réellement protectrices, qui permettent l’accueil des élèves et la continuation des missions d’enseignement dans des conditions au moins acceptables.

Le ministère lui-même a pensé des scénarios alternatifs à l’accueil des élèves en grands groupes. Pourquoi ne sont-ils pas « activés » ? Moins encore qu’en septembre le scénario d’une « rentrée normale » n’est acceptable ni responsable.

Nous demandons que toutes les instances de dialogue soient effectivement réunies à tous les niveaux : conseils d’école et conseils d’administration des EPLE, CHS des EPLE, CHS-CT départementaux et académique, etc. Pour prendre et mettre en œuvre les mesures qui s’imposent, en coopération avec les collectivités territoriales, et au regard de la situation des écoles et des établissements, y compris au regard des forces et des contraintes qui leur sont propres.

Faute de mesures de protections appropriées, les personnels seront fondés à cesser le travail, en particulier passé ce délai d’une semaine de nécessaire adaptation. D’ores et déjà, nous soutiendrons les collègues qui feront valoir le droit de retrait ou décideront de faire grève si leurs conditions de travail les placent effectivement en péril. Nous déposons un préavis de grève en ce sens. Nous ne présumons pas non plus de la réaction des personnels et des collègues qui ont vu hier soir piétiné le travail de préparation mené déjà depuis plusieurs jours autour de l’hommage à Samuel Paty.

Encore une fois, Monsieur le Recteur, Mesdames et Monsieur les DASEN, nous ne sommes pas prêt.es, nous le savons toutes et tous. Il faut en prendre acte et agir maintenant à la hauteur des défis qui sont les nôtres collectivement.

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