Epreuves de spécialité : l’équation impossible

Depuis des mois,  le Sgen-CFDT a alerté le ministère pour que les conditions de travail des personnels soient supportables en lycée , et que la passation des épreuves de spécialité se déroule de façon satisfaisante.

Lire le communiqué de presse  du 28 janvier, suite à la décision du ministère
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Malgré de nombreuses alertes, rien n’a été anticipé pour organiser les épreuves de spécialité de mars dans des conditions satisfaisantes. Rien jusqu’à la grève du 13 janvier.

Aucune solution idéale 

Le travail des personnels, pour qu’il ait du sens, et quelle que soit leur mission, nécessite de la visibilité.  Établir  des progressions, organiser les sessions d’examens, dans les services (inter)académiques comme dans les lycées, exige un calendrier fixé à l’avance. On ne peut pas changer les règles du jeu en permanence  épreuves de spécialité
 Le Ministère est seul responsable de cette remise en cause incessante, insupportable pour les collègues comme pour les élèves.
A ce stade il n’y a donc aucune solution satisfaisante pour la passation des épreuves de spécialité, mais seulement des solutions plus ou moins difficiles pédagogiquement et psychologiquement. Reporter, c’est ne pas tenir compte de la professionnalité des collègues et du travail intense fourni par nos élèves, en pleine crise sanitaire. Garder les épreuves en mars, c’est risquer le crash, faute d’anticipation.

Mesurer concrètement les effets des décisions

Beaucoup de questions doivent être traitées dans l’urgence.
Le Sgen-CFDT demande que toute prise de décision fasse l’objet d’une étude d’impact préalable.
Il est en effet impératif d’apprécier de manière transparente toutes les conséquences qui découleront du choix du ministère, et ce quel qu’il soit.

Un aménagement des épreuves de mars en urgence est-il encore raisonnable ?

Garantir et expliciter des mesures d’aménagement, et notamment l’assurance d’avoir un choix de sujets,  aurait sécurisé tous les acteurs. Mais il aurait fallu l’annoncer dès la rentrée, pour tenir compte des interruptions de scolarité qu’on connues la plupart des élèves. La désorganisation due à la vague Omicron a accentué le problème de la continuité scolaire, et là encore, le ministère n’en a pas tenu compte, faisant comme si de rien n’était
 Le ministère est resté sourd à notre courrier de novembre, et il se retrouve désormais au  pied du mur.  Il semble désormais très problématique d’adapter l’épreuve en doublant le nombre de sujets en urgence. Cela risque d’être insuffisant pour permettre à tous nos élèves de composer sereinement.  Il est aussi devenu très difficile de terminer la préparation de chacun.e de nos élèves sans délai supplémentaire,  alors que les absences COVID se multiplient depuis décembre pour les  élèves et les enseignants.

Un report devenu inéluctable ?

Pour le Sgen-CFDT,  un report ne palliera pas les trois années scolaires percutées par le virus. 
En particulier, reporter les épreuves ne compensera pas le absences non remplacées d’enseignant.es depuis des mois, car c’est l’attractivité du métier et ses conditions d’exercice qui en sont la cause majeure
Les calendriers des mois de mai et juin sont déjà sous tension (vacances scolaires, jours fériés, autres examens…) :
épreuves de spécialitéUn report en mai avec le programme initialement prévu pour mars apporterait certes un souffle d’air immédiat, notamment aux élèves et eux enseignant.es impacté.es par des absences longues sur ces derniers mois. Mais au mois de mai, seules les semaines du 9 mai et du 15 mai permettent l’organisation des EDS et des corrections. Et dans ce cas, cela induira pour cette période une désorganisation des cours pour les élèves de 2nde et première. On peut craindre alors que par le jeu des jours fériés, des conseils de classe et des procédures d’orientation,  ces élèves dans les faits n’aient terminé leur année dès la mi-mai. Par ailleurs, en mai d’autres examens sont organisés (BTS , oraux de certification de langues et de DNL…).
Reporter en juin, comme le demandent des associations disciplinaires et d’autres  organisations syndicales viendrait percuter les procédures d’orientation et d’autres épreuves (comme le grand oral). Comment les enseignant.es notamment de Lettres vont-ils pouvoir corriger les épreuves écrites du bac de français, faire passer leurs oraux, corriger les épreuves écrites de la spécialité HLP et être jury de grand oral pour cette même spécialité ? Le décalage des épreuves en juin pose aussi la question du périmètre du programme attendu : celui prévu pour mars ? tout le programme  ? 
L’hypothèse d’un décalage des attendus pour les épreuves de mars en juin entraînerait du bachotage pour réussir ces épreuves au détriment notamment de la préparation du grand oral, des apprentissages liés aux dernières parties du programme, et du projet en voie technologiqueLe seul avantage serait de ne pas désorganiser l’année pour les autres niveaux.
Un report des épreuves serait donc de l’entière responsabilité du ministère, et l’aveu d’un échec cinglant de son nouveau Bac. 

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