Moyens pour la rentrée 2022 dans le 2nd degré : le compte n’y est pas.

La fin du mois de janvier coïncide avec l’arrivée des Dotations Horaires Globales (DHG ou DGH) dans les établissements du 2d. Sur le terrain, les équipes, comme souvent depuis des années font le même constat : le compte n’y est pas !

Une occasion manquée

Deux éléments auraient dû permettre d’envisager la rentrée 2022 d’une manière un peu plus sereine dans les établissements en termes de moyens :

  • Une tendance démographique à la baisse. Le Rectorat attend 3600 élèves en moins à la rentrée prochaine par rapport à ce qui était attendu à la même date l’an dernier (et qui s’était avéré nettement supérieur à la réalité de septembre).
  • La mise en place de la réforme de la formation continue qui permet, par un tour de passe-passe, de créer l’équivalent de 136 postes. En effet, de nombreux stagiaires effectueront l’an prochain un stage avec un service de 18h par semaine contre 9h la plupart du temps cette année dans le cadre de la mise en place d’une réforme de la formation initiale par ailleurs très problématique.

L’occasion donc d’améliorer l’encadrement des élèves et la qualité du service public ? Et bien pas vraiment. Ainsi la réalité en termes de budget c’est que 36 postes sont supprimés (18 correspondant à des postes réels, 18 autres à des heures supplémentaires annuelles – HSA). Restent alors 100 postes sur les 136 économisés précédemment, dont 60 sont mis de côté par le rectorat pour assurer des suppléances dans une académie qui en a plus que grandement besoin.

Au final seuls 40 postes demeurent, reliquat de ce tour de passe-passe au détriment de la qualité de la formation et de l’accueil dans le métier qui ne pourra par ailleurs pas être réitéré l’an prochain.

Pas de quoi pavoiser donc, et une vraie occasion manquée pour les élèves et les personnels de l’académie.

Le vrai bilan

Lorsqu’on observe le bilan réel des moyens donnés aux établissements du 2nd degré dans l’académie depuis 5 ans, c’est bien à une dégradation de la qualité du service public que l’on assiste.

Un indicateur clé pour bien saisir cela c’est ce qu’on appelle le H/E. Derrière ces deux lettres une réalité simple : le nombre d’heures d’enseignement hebdomadaires (et donc d’une certaine manière le nombre d’enseignant·e·s) rapporté au nombre d’élèves. Plus ce nombre est élevé, plus les élèves et les personnels bénéficient de bonnes conditions de travail : moins d’élèves par classe, plus d’heures en effectif réduit, plus d’options etc.

Que constate-t-on lorsqu’on observe la variation du H/E depuis 5 ans ? Que la légère amélioration envisagée pour la rentrée 2022 (les fameux 40 postes évoqués plus haut) ne suffit pas, loin de là, à masquer la dégradation vécue depuis 2017.

Entre 2017 et 2022 ce sont 2% du H/E qui se sont envolés.

Dit autrement, l’Éducation Nationale dépense pour chaque élève du secondaire dans l’académie de Créteil 2% de moins en moyens d’enseignement qu’il y a 5 ans.

En parallèle le taux d’heures supplémentaires a fortement augmenté passant de 9,9% à 10,7% entre 2018 et 2022. Un moyen pour l’État de faire quelques économies supplémentaires, une heure supplémentaire étant moins bien rémunérée en moyenne qu’une heure faite dans le cadre des obligations de service. Et une nouvelle dégradation de la qualité du service public qui augmente les inégalités femmes-hommes et ne répond pas aux légitimes revendications salariales des personnels.

Voilà une étrange manière d’investir dans l’éducation, particulièrement dans une académie qui en a sans doute encore plus besoin que les autres.

Où sont passées les heures ?

Lorsqu’on regarde de plus près la situation sur le terrain celle-ci apparaît même sous un jour plus sombre. Car si les documents rectoraux font par exemple apparaître un H/E stable pour les lycées, les nombreux retours dont nous disposons font état de lycées qui, à structure égale, perdent des moyens.

IMP à financer sur l’autonomie de l’établissement voire même sur les moyens normalement destinés aux classes, complément d’autonomie qui lui-même fond comme neige au soleil : le rectorat semble avoir fait preuve dans sa recherche d’économies d’une créativité dont on aimerait qu’elle soit utilisée à des fins plus heureuses. Et à la lecture des documents rectoraux d’une part et des DHG d’autre part on ne peut s’empêcher de se demander : mais où sont passées les heures ?

L’ensemble des documents de DHG des lycées de l’académie fait ainsi apparaître une baisse de près de 500h des dotations alors même que 41 divisions supplémentaires sont créées et une forte hausse des heures supplémentaires (près de 1200 en plus). On est loin de la stabilité promise par  les documents présentés en comité technique académique !

Dans les établissements, depuis de trop longues années, l’autonomie se résume la plupart du temps à des questions du type « quelle option ou quel dédoublement supprimer ? ». Il n’y a sans doute pas de moyen plus efficace pour priver les équipes de leur capacité d’agir.

Et il n’y a malheureusement qu’un pas de la froide réalité des chiffres ministériels et rectoraux à la dégradation de la situation sur le terrain. Une dégradation dont témoignent les collègues. Il serait temps de les écouter et de réinvestir, vraiment et enfin, dans l’éducation !

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