Les remplacements n’auront pas lieu

Des élèves de collège sans professeur d’anglais. Pendant des semaines. Des élèves de lycée sans professeur d’éco-gestion. Pendant des mois. Mais que se passe-t-il dans l’académie de Créteil ?

Problèmes d’attractivité, jeunesse des personnels affectés, difficultés dans la paye, recours aux personnels contractuels plus important qu’ailleurs : ces maux de l’académie de Créteil sont malheureusement bien connus. Mais jusqu’il y a peu l’académie semblait parvenir, tant bien que mal, à assurer au moins une continuité pédagogique. Face à eux, les élèves finissaient par avoir quelqu’un.

Depuis quelques mois pourtant, les remontées de collègues se font de plus en plus fréquentes : il n’y a personne pour assurer les cours de la 5eX au collège Bidule. Et effectivement, si les effets conjugués de la réforme du lycée et d’une meilleure répartition nationale des personnels ont permis d’améliorer la situation du côté des mathématiques, pour beaucoup d’autres disciplines le constat est là : il n’y a pas de remplaçant.e.s !

On pourrait penser que cette absence de remplacement est liée à un manque de candidat.e.s. Les difficultés de recrutement et plus largement les problèmes d’attractivité de l’académie sont bien connus.

La réalité est à la fois plus complexe, plus triste et plus révoltante.

Il y a quelques années le rectorat de Créteil s’était lancé dans une politique, à la fois ambitieuse et bienvenue, de stabilisation des personnels contractuels en leur proposant des contrats à l’année. Mais cette gestion plus humaine a été jugée trop dépensière. Il y a 3 ans le rectorat s’est fait taper sur les doigts : il avait dépassé le plafond d’emplois qui lui était alloué. Et depuis celui-ci a resserré la vis … avec des méthodes dignes de multinationales. Le résultat : des remplacements non assurés et des élèves sans profs. Au traditionnel « plafond d’emplois » s’ajoute désormais le « schéma d’emplois » qui incite le rectorat à ne surtout pas employer plus de personnels que l’année précédente à la même date. La tendance ne peut donc être qu’à la baisse. Et les remplacements deviennent la variable d’ajustement.

Les besoins en remplacement sont eux toujours là. Alors ? Alors on fixe des priorités et on décide en toute conscience de ne pas remplacer certains personnels quand les absences ne sont pas jugées assez longues. Les élèves de la 5eX peuvent toujours attendre leur remplaçant.e.

Dans une académie comme Créteil les effets sont catastrophiques.

Le rectorat a beau jeu ensuite de pointer un manque de candidat.e.s : quand ceux-ci sont laissés de côté, reçoivent une lettre de non-renouvellement au début de l’été, alors fatalement ils et elles finissent par aller voir ailleurs. Et les viviers se vident de personnels pourtant compétents et désormais formés (quand bien même ce fut dans la grande majorité des cas sur le tas).

Une fois de plus la façade de l’école de la confiance est en carton. Derrière les beaux discours du ministre la réalité dans l’académie qui concentre le plus de difficultés sociales est celle-là : des personnels inexpérimentés, mal payés, précaires pour certains et désormais … mal remplacés.

Le Sgen-CFDT de l’académie de Créteil a écrit ce vendredi 1er octobre à M. le Recteur et fait remonter ces informations à la fédération Sgen-CFDT qui intervient auprès du ministère.

Lire aussi

Tous les articles de ce site classés du plus ancien au plus récent