Petit guide de survie dans la jungle Parcoursup à usage des profs de lycée...
1 – L’objectif de Parcoursup est d’introduire la sélection dans le post-bac.
Faux : la sélection existe en France pour environ un étudiant sur deux (DUT, BTS, CPGE, IEP, écoles…). Seule l’université offre des filières non sélectives (et encore pas toutes, il existe des licences sélectives !). Pour les filières non sélectives mais « en tension » (avec moins de places que de candidats), APB proposait un tirage au sort. Parcoursup permet à la place l’examen du dossier.
Seule une augmentation du nombre de places (qui est absolument nécessaire mais qui prendra du temps) et un rééquilibrage des moyens d’encadrement peuvent améliorer la situation actuelle : l’université est largement et scandaleusement sous-dotée depuis des années.
Pour en savoir plus : Le Sgen-CFDT revendique un financement conséquent des filières non sélectives.
2 – Nous, personnels du 2nd degré, ne sommes pas compétents pour prédire la réussite des élèves après le lycée.
Vrai : prévoir la réussite des élèves avec des moyennes est très incertain. Elle repose aussi sur leur motivation, leur maturité, les situations familiales… des critères qui sont (et heureusement) peu objectivables ! Ainsi les filières sélectives n’ont pas 100 % de réussite (BTS, DUT, CPGE, IEP…). Dans le second degré c’est aussi vrai avec les orientations suite aux conseils de classe de fin de 3ème et de fin de 2nde.
Cela pose-t-il vraiment problème que le conseil de classe de terminale conseille les familles au regard du travail réalisé au lycée ?
Surtout si, in fine c’est bien le lycéen ou sa famille qui choisit, mais en fonction d’un avis éclairé ?
3 – Avec Parcoursup, de nombreux élèves n’auront pas d’affectation.
Vrai… le 22 mai ! : La procédure induit une durée « longue » pour affecter les lycéens car elle repose sur des effets de « chaine » : chaque réponse « oui » acceptée par un candidat libère des places (dans les autres filières dans lesquelles il était aussi accepté), qui seront proposées à d’autres candidats « en attente », qui à leur tour accepteront une place…
Et cela de façon continue entre le 22 mai et le 5 septembre sauf pendant la semaine des écrits du Bac, où le ministère a prévu une « pause ».
4 – Les universités seront dans l’incapacité de proposer des modules de remédiation ou d’accompagnement.
Vrai et Faux : Certaines universités « jouent le jeu », d’autres non. Il existe des tensions à l’intérieur des universités sur ce sujet, et de vraies contraintes techniques. Mais cela ne doit pas occulter l’intérêt des lycéens et des étudiants. Il y a un temps pour tout… Aujourd’hui, et quels que soient les défauts du système, l’enjeu est d’accompagner les élèves et de dédramatiser les enjeux.
Tout élève, motivé et éclairé sur son projet, doit pouvoir s’inscrire in fine dans la filière non sélective de son choix.
L’heure du bilan se présentera et le Sgen-CFDT y participera de façon critique et honnête.
Pour en savoir plus : Loi ORE : entre ambitions et questionnements
5 – La lettre de motivation, une perte de temps et un non-sens pour un élève de 17 ans.
Vrai… en partie si l’on considère l’exercice comme un formatage institutionnel. Faux si on considère cela comme élément d’appropriation par le jeune de ses choix de parcours. Cette année, cela peut être un élément anxiogène, propice à des réponses types, et il existe un doute certain sur l’utilisation réelle qu’en feront les filières du sup.
L’an prochain cette lettre de motivation devrait plutôt prendre place dans la fiche avenir que dans Parcoursup, associée aux niveaux de maitrise des compétences des élèves en cohérence avec les attendus des filières du sup, à la place des moyennes de notes, des classements et des appréciations inefficientes.
Pour aller plus loin : Fiche avenir : un outil qui sape l’idée du bac-3/bac+3
6 – Parcoursup demande une surcharge de travail aux profs
Vrai : la décision en cours d’année de changer les règles du jeu a engendré une inquiétude et une « mise à niveau » des enseignants notamment des profs principaux. Tous l’ont fait consciencieusement et professionnellement… et cela a demandé un temps de travail conséquent d’appropriation. La désignation d’un 2ème PP dès la rentrée, et l’utilisation plus coordonnée de l’AP et du tutorat, doit permettre l’an prochain de réduire cette charge de travail.
Outre une réflexion sur le calendrier, c’est aussi par une approche pluriprofessionnelle (Psy-EN, CPE, enseignants, personnels médico-sociaux, personnels de direction…) que les élèves seront le mieux accompagnés.
Pour en savoir plus :
- Tract « orientation post-bac : et les personnels ? » (oct. 2017)
- Non à la fermeture des CIO !
7 – Avec Parcoursup, chaque filière peut organiser ses propres critères de sélection dans la plus grande opacité
Vrai et faux : L’outil permet à chaque filière de « noter» les divers critères à sa disposition dans le dossier des élèves (moyennes dans les disciplines, avis du chef d’établissement, lettre de motivation…) et donc de classer les lycéens. Rappelons qu’APB était un outil construit au service des classes préparatoires… il permettait donc aussi de faire de la sélection avec encore moins de transparence notamment sur les filières en tension.
Par contre, il y avait une « obligation » de tirage au sort faute de pouvoir examiner les dossiers des élèves. Cela (au moins) est supprimé, et c’est un progrès !
Pour en savoir plus :
8 – Parcoursup augmente les inégalités sociales dans la poursuite d’études
Faux : cet argument est souvent utilisé comme prétexte pour conserver le statu quo. Or ce seront les élèves socialement défavorisés qui ont le plus besoin d’accompagnement faute de connaitre les rouages du système éducatif. L’examen de leur dossier au-delà des notes est bien un moyen pour les éclairer sur les choix qu’ils entreprennent et les aider à réussir dans les parcours qu’ils ont choisis.
L’AP, et le Sgen-CFDT l’a vivement dénoncé, va sans doute disparaitre du lycée faute de s’inscrire dans le service des enseignants, et on ne sait pas combien d’universités mettront réellement en place des dispositifs pour les « oui si » et plus généralement des dispositifs d’accompagnement ou de contractualisation avec les étudiants fragiles. Bien au-delà de Parcoursup, c’est l’enjeu de la loi ORE, et du « plan licence » qui est discuté actuellement. Aujourd’hui ce sont les bacheliers aux résultats les plus fragiles qui bénéficient du taux d’encadrement le plus faible de l’enseignement supérieur… car faute de place en STS ou IUT, ils se retrouvent sur les bancs de l’université.
Pour en savoir plus :
9 – Parcoursup permet d’éviter de créer des places à l’université
Faux : Le ministère de l’enseignement supérieur s’est engagé à financer une augmentation de 22 000 places supplémentaires en post-bac. Il restera évidemment des difficultés d’affectation pour certains élèves puisque le nombre total de places à l’université reste sous-dimensionné par rapport aux « générations 2000 », du fait d’un manque chronique d’investissement dans les universités, et d’un manque d’anticipation de cette hausse d’effectifs pourtant prévisible !
Mais en plus toutes les filières ne sont pas également choisies par les élèves. Ainsi, on peut craindre que, comme l’an dernier, alors que certains élèves n’obtiendront pas d’affectation sur leurs choix, il reste en parallèle des places vacantes dans certaines filières à la rentrée.
Pour en savoir plus : Parcoursup : se mobiliser pour les moyens !
10 – Parcoursup, c’est juste APB avec un autre nom
Faux : Parcoursup introduit une autre stratégie d’affectation des lycéens, notamment parce que leurs vœux ne sont plus classés, que la procédure devient continue, et que la priorité géographique n’est plus aussi prépondérante.
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