EVARS : le ministère doit tenir ses promesses

Déclaration intersyndicale et associative du collectif Éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire. Le ministère est interrogé sur les conditions de mise en œuvre du programme d'éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité (EVARS) en CSE.

Après avoir lu la déclaration intersyndicale et associative ci-dessous, le ministère a donné quelques éléments de réponse sur la mise en œuvre des programmes EVAR en primaire et EVARS dans le secondaire.

Les réponses en instance

Le représentant du ministère a annoncé que la Foire Aux Questions (FAQ) serait modifiée concernant l’intervention des associations agréées en primaire. Il précise que s’il faut privilégier la prise en charge du programme EVAR par les enseignants, l’intervention des associations est possible.

Il a été rappelé que l’obligation légale de mettre en œuvre le programme EVAR et EVARS porte à la fois sur le public et le privé, que le ministère y est très attentif et que les contrôles effectifs pourront amener à des sanctions.

Concernant la formation, elle se met en place en présentiel progressivement, mais une formation M@gistere est disponible. Au moment de la rédaction de cet article, deux modules de 3h EVAR et EVARS sont effectivement disponibles sur la nouvelle mouture de M@gistère, mais ne sont pas accessibles via l’ancienne interface. Attention donc à bien faire la recherche sur la nouvelle interface du site.

Par ailleurs, la DGESCO travaille à la création de ressources d’accompagnement. La CFDT a été sollicitée pour contribuer pour la maternelle et le CM2. Le ministère précise que cela prend du temps, car les ressources doivent être incontestables. L’objectif est une mise en ligne pour janvier 2026.

Enfin, le ministère confirme être très vigilant sur les atteintes que pourraient subir les collègues.

LGBTIphobies

La déclaration lue au conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 1er octobre

Madame / Monsieur la / le Ministre, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,

Notre intersyndicale et associative souhaite alerter une nouvelle fois sur le décalage préoccupant entre les engagements validés ici même fin janvier 2025 et affichés par le ministère dans le cadre des programmes EVAR·S et les moyens réellement mis en œuvre pour garantir son application effective dans les établissements.

Si nous saluons l’existence de ce programme, sa mise en œuvre demeure pour le moment largement insuffisante. L’absence de temps et d’espace pour réunir les équipes au local, le manque de formation et de personnels qui lui sont dédiés empêchent une véritable appropriation par les équipes éducatives et rendent les ambitions affichées inatteignables actuellement. Or, sans déploiement concret, les LGBTIphobies continuent de peser lourdement sur la vie et le parcours des élèves.

Nous attirons plus particulièrement votre attention sur une contradiction majeure. D’un côté, les programmes EVAR·S reconnaissent explicitement la légitimité et l’importance des interventions en milieu scolaire par des associations agréées, expertes dans la prévention des discriminations et la promotion de l’égalité. De l’autre, la foire aux questions ministérielles ainsi que certaines circulaires ou réponses administratives interdisent ces interventions en école primaire, privant ainsi les enfants d’un accompagnement précoce pourtant essentiel. Cette incohérence fragilise le travail des équipes pédagogiques, menace les associations investies et envoie un signal négatif : celui d’un engagement de façade, où les textes promettent, mais où les pratiques bloquent. Cette incohérence questionne également la légitimité accordée par notre ministère au CSE.

Nous demandons donc :

  1. La levée claire de l’interdiction faite aux associations agréées d’intervenir en primaire, et une communication en cohérence auprès des parents, des écoles et des enseignant·es.
  2. Des instructions précises, unifiées et cohérentes données aux rectorats et directions académiques pour garantir l’application du programme EVARS sur l’ensemble du territoire.
  3. Les moyens humains et financiers nécessaires pour former les personnels et soutenir les interventions associatives.
  4. L’assurance par le ministère de respecter les décisions prises en CSE, issues des concertations avec les partenaires.

L’école et l’université doivent être des espaces sûrs, inclusifs et protecteurs. Cela suppose de la clarté, de la cohérence et surtout des actes concrets. Nous appelons le ministère à prendre ses responsabilités et à transformer enfin les intentions en réalités.