L’Etat donne-t-il vraiment plus à ceux qui ont le moins ?

L'Etat donne-t-il vraiment plus à ceux qui ont le moins ? Pour le Cnesco, la réponse est claire : c'est non. L'institution a en effet produit un rapport éclairant sur les inégalités territoriales en Ile de France.

SUPPRESSION DE POSTESLe Cnesco (Conseil national d’évaluation des politiques scolaires) publie en ce mois d’octobre un rapport sur les inégalités territoriales dans l’Education Nationale. En Ile de France ce sont 900 collèges publics qui ont été passés au crible. Les conclusions de l’enquête rejoignent les constats faits sur le terrain par le Sgen-CFDT, par exemple ici, et dénoncés depuis des années.

Une part accrue d’enseignants contractuels

Les élèves des territoires défavorisés ont plus de probabilité d’avoir face à eux des personnels non-titulaires. Selon le Cnesco, le taux monte à 15% dans les territoires défavorisés du 93 là où il est entre 5 et 6% dans les banlieues favorisées de l’académie. Pour les élèves cela signifie ainsi des enseignant.e.s qui ont été moins formé.e.s que les titulaires et ne bénéficient pas de la même stabilité.

Des professeurs plus jeunes et inexpérimentés

Conséquence logique du jeu des mutations tel qu’il est actuellement conçu, les professeur.e.s de l’académie de Créteil sont bien plus jeunes et bien moins stables que ceux de l’académie de Paris. Et au sein de l’académie, les écarts sont aussi très forts entre territoires favorisés et défavorisés. L’enquête du Cnesco vient mettre des chiffres sur ce fait bien connu. Ainsi, les collèges défavorisés du 77 accueillent près de 35% d’enseignants de moins de 30 ans et surtout, moins de 20% des enseignants y sont depuis au moins 8 ans. Ces chiffres sont respectivement de 17% et 35% dans les territoires les plus favorisés du Val-de-Marne.

Le Cnesco met en parallèle ces éléments avec les résultats obtenus au brevet qui varient du simple au double au sein de l’Ile de France et au sein-même de chacune de ses 3 académies.

Qu’en pense le Sgen-CFDT ?

Les résultats de l’enquête ne surprendront guère les observateurs avisés des réalités scolaires en Ile de France. Mais ils permettent de mettre des chiffres et des faits sur un phénomène encore largement passé sous silence et que nous avions déjà traité par exemple ici.

Pour le Sgen-CFDT cette situation, liée en bonne partie à la façon dont est conçu le mouvement des personnels, n’est pas acceptable. Il est urgent d’ouvrir une réelle réflexion sur ce sujet et de trouver des moyens :

  • de mieux répartir les ressources en personnels sur les territoires,
  • d’assurer le droit à la mobilité pour les personnels,
  • mais aussi d’encourager la stabilité des équipes.

Pour ce faire il est indispensable de repenser les cadres établis sans pour autant tomber dans des propositions contraires (par exemple le recrutement local par le chef d’établissement) dont les effets pourraient être tout aussi délétères.

Cela suppose de réfléchir :

  • aux aspects financiers,
  • à l’accompagnement des personnels, notamment lors des débuts de carrière,
  • aux règles du mouvement et aux différents temps dans la carrière des enseignant.e.s.

Autant de sujets sur lesquels nous tâchons de mener une réflexion en profondeur et sur lesquels nous nous en engageons. Ainsi ces revendications sont au coeur de nos engagements pour les élections professionnelles. Et font partie intégrante de notre projet.